Haïkus

 

 

COEUR OUVERT J; SOLOY GUIET

 

(Livre -objet, Jackye Soloy-Guiet)

 

 

BROCHETTE DE  25 LIVRAÏKUS

 

1

Ici maintenant

Sur le rebord de ton souffle

Le livraïku

2

Les rimes s’arriment

Verlaine chante la Seine

Le printemps des poètes

3

La quête du feu

 Quand la paume du poète

Se brûle de rimes

4

Entre deux mots doux

Sur le coussin de velin

Je suis à ma page

5

Dans l’entre-deux noms

Noirceur des mémoires vives

En chercher la faille

  6

Sur le sable chaud

L’arabesque de ton corps

Pour t’écrire en moi

7

Au dormir de toi

Dans la nudité du drap

Livre à corps ouvert

8

J’ai mangé le mot

Qui disait la fin du livre

Je m’endors repu  

9

Le singe savant

Il écrit son testament

C’est un pense bête

10

Définir la langue

Qui lèche le souvenir

Du lecteur de rêve

11

Pour passer le temps

 Nous abreuver de mots mouches

La pêche à la ligne

12

Roman Océan

La majuscule de l’O

L’étang de ton Œil

13

Tome un  tome deux

Sur toi sur moi pour toujours

Liaisons dangereuses

14

Le chapeau de l’I

Sur ton front de marbre blanc

Roman esquimau

15

Convoi de mots durs

Virgule d’une fumée

Points de suspension

16

La page est tournée

Nul n’en connaît le pli blanc

Hiver des mots morts

  17

On a tué le livre

Qui chantait le dit du monde

Gouttes de sang d’encre

18

Givre de mots blancs

Quand résonne l’épilogue

La couverture hivernale

19

L’horizon blêmit

C’est le temps des migrations

Prête-moi ta plume

20

Parole s’envole

Fracas d’aile  chiffonnée

Quand tourne la page

21

Le point sur les hanches

Pas de retour à la ligne

Temps suspend son vol

22

L’appel au secours

Dans le chaud  de sa coquille

Le mot biscornu

23

Mot à l’envers

Sans majuscule sans queue

Pied de nez de page

24

Mots peints d’encres noires

Errant d’une marge l’autre

Train-train de la plume

25

Sur l’ourlet du sable

L’enluminure d’un pas

Que le vent décime

 

 

CLAUDE SOLOY

novembre 2010

 

 

  

VISAGE 

 

(Dessin C.Soloy) 

 

HAÏKUS à thèmes

 

( Haïkus choisis par le rectorat de Rouen, concours de calligrammes ouvert aux scolaires, Festival du Livre de la Jeunesse 2010) 

 

ANIMAUX

 

Les bourdons velus

Tournicotent auréoles

Noires des glycines

*

Noir blanc jaune

Pour perchoir le bleu du ciel

Le chardonneret

*

A l’orée du bois

L’arc tendu de la lumière

Un chevreuil s’envole

*

Neige sous l’orteil

Le grand livre des mots blancs

L’empreinte de l’ours

*

Pour grains de beauté

Sous les peaux vif-argent

Les chiures de mouche

*

Rêve sulfaté

Sur la nuit bleue des vendanges

Le cheval s’endort

 

NATURE

 

Trop de blé à naître

Le soleil a mal au ventre

Tisane de lune

*

Feuilles à la pelle

Palettes d’or des chemins

Le vent les assemble

*

Au creux du rocher

L’eau étale de la source

Belle au bain dormant

*

Mistral lève l’ancre

Les grands pins comme des mâts

La forêt avance

*

Sous les sables d’or

Enterrant leurs galets blêmes

Les torrents en larmes

*

L’abricot explose

Il libère son noyau

Astre du verger

 

 HOMME

 

Il pleut sur son cœur

Goutte à feuille de laitue

Chanson de l’automne

*

Dans l’or des matins

Les enfants du soleil s’aiment

Sans l’ombre d’un doute

*

Le regard sans fin

Des pupilles répétées

Mille et une nuits

*

Tes lèvres au chaud

Collées au carreau embué

Papillons des neiges

*

Petit matin brun

Sur les cendres du Reichstag

On allume l’ombre

*

Sous l’ombre des stèles

Le coquelicot s’empourpre

Pudeur de l’oubli

 

 DIVERS

 

Des éclats de voix

Montent des quartiers lointains

La ville s’écoute

*

La bibliothèque

Elle déchiffre sa vie

Au bout de la nuit

*

Deux assiettes blêmes

Ponctuent le bois de la table

Le trait du couloir

*

Un épouvantail

Une fille dans un pré

Un mulot qui passe

*

Talon dans le givre

Pointillé d’une échappée

Sous notre glissade

*

Néfertiti pleure

C’est la saison des musées

Du dernier métro

 

 

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