Les algues mortes

La fille au béret bleu n’a que vingt ans, c’est suffisant pour naître davantage. Elle est ici pour retrouver la trace d’un père qu’elle ne connaît pas et dont sa mère n’a pratiqué que l’homme. C’est ici qu’elle a été conçue, entre deux odeurs, au plus proche de la mer, de la terre, le certificat de naissance est muet à ce sujet. Quand elle était gamine et qu’elle traversait cette ville à la main de sa mère, elle savait qu’elle foulait un territoire marqué, il y avait eu un homme qui, à sa manière, avait traversé sa mère, la marquant de son foutre, t’es à moi, t’es mon odeur, mon sel, t’es mon écume du jour, demain c’est relâche. Sa mère ne disait pas tout, mais dire tout signifie quoi… Qu’on a toutes les données… Celles de l’autre, du voisin, des cons qui passent au feu rouge sang… On a les siennes, celles qu’on a enregistrées, ou voulu retenir, et qui disent l’instant d’une vie. Et de son vide.

 

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