Le Plancher des algues

 plancher1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant-propos 

 

Permettez ! Un instant ! Que je reprenne mon souffle ;  je viens de lire d’une seule traite Le Plancher des algues de Claude Soloy. Passée la surprise des premières pages, c’est subjugué que je termine l’ouvrage. Ce polar, hors norme, propre à faire hurler les tenants de l’orthodoxie polardière et autres dogmatiques du genre, férus d’énigmes bien torchées, de killers en série, de gore indolore, de platitude rayon style, et de résolutions idoines, ce polar développe une palette narrative faite de dialogues badins, de soliloques aux envolées surréalistes, de récit inspiré pour décrire l’histoire d’un assassin mirobolant autant qu’obsessionnel. Le tout emballé dans une langue aux éclats surréalistes et aux accents érotiques les plus crus dont l’alchimie n’est pas sans évoquer André Pieyre de Mandiargues, Georges Bataille ou Pierre Klossovski. Soloy nous invite pareillement au cœur du mal, où Thanatos se fait une santé en jouant à l’Eros !

En plat résumé, c’est l’histoire de la vengeance inextinguible d’une femme trompée qui instrumente son fils pour dézinguer la maîtresse de son mari, la mère de la maîtresse et la fille de celle-ci. En un mot, toute la lignée femelle, carrément ! Pour récompense, elle lui ouvre son lit… Le héros a quatorze ans lorsqu’il commet son premier crime aux dépens de la Verte, la poule du père. Il faut préciser que les victimes sont désignées par des couleurs à partir desquelles son délire mortifère s’installe. « Toujours adapter la mise à mort à la personnalité de la couleur, telle était sa devise. » On le retrouve, la quarantaine installée, attendant Ella au débarcadère, Ella la Rouge, pour lui faire sa fête, la zigouiller pour être précis. Las, dans le meublé que lui loue la Grise (qui succombera à tous les caprices sexuels de son locataire), Ella et le tueur au pull bleu géométrisent dans les spasmes durant huit jours, et contre toute attente l’amour le frappe alors que le crime l’appelle…ce ne sera que partie remise. Pitoyable héros que ce tueur « coloriste », au sexe détumescent, impuissant, dont l’émission spermatique est si peu généreuse qu’il la supplée par une urolagnie compensatrice.

 

Style halluciné, étincelant dans l’obscur, rythme obsédant, lautréamontesque, poésie de l’abject, beauté de l’ignoble, chères à Baudelaire, ce livre est un OENI (objet éditorial non identifié) que Krakoen se plait à jeter comme une boule dans les piles de polars tout-venant. Pour sa première incursion dans le genre, Claude Soloy, ce jeune homme presque septuagénaire (quelle santé, quelle turgescence stylistique !), est à l’évidence un écrivain du noir, un littérateur hors pair, un artiste d’un sulfureux art de jouir des mots, décalé, sur le fil, aussi précieux que l’oxygène que vous respirez. Attention, polar vénéneux, vous êtes prévenus ! Succomber à ce poison délectable : une exigence absolue…

 

Max Obione

 

  

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :